Autrefois, sur le rocher de Carlat, fragment plat d'une vieille coulée de lave s'élevait la plus importante des forteresses de la Haute-Auvergne. Elle avait des dimensions colossales : 2,5 ha de superficie, perchée à 840 mètres d'altitude sur une table de basalte de 25 à 40 mètres de haut et de 380 mètres de large (sans compter les remparts) surplombant toute la vallée de l'Embène 250 métres plus bas. Le vaste plateau basaltique sur lequel le château était assis à l'entrée méridionale de l'Auvergne le défendait contre toute invasion. Les armoiries du Château de Carlat le document daterait de (1456 ?) Au Moyen Age, un chroniqueur le définit comme « la plus formidable citadelle de tout le midi de la France ». L'accès se faisait par un chemin très étroit, creusé en zig-zag de main d’homme, escarpé et situé au sud du rocher vers le "MURGAT". Rien n'était oublié pour la défense du site : le rocher était fortifé par plusieurs tours reliées à une énorme muraille de quatre mètres d'épaisseur nommé la Fausse Braye qui le ceinturait à sa base. Le château de Carlat pouvait braver les attaques les plus vigoureuses; aussi le fit-il mainte fois impunément et si, dans certaines circonstances, il fut soumis, l’ennemi ne dut jamais ses succès qu'à la ruse, à la famine ou à la trahison. Cette construction à la fois gigantesque et solide rendait impuissante l'action des engins de guerre employés avant l’usage de la poudre Avec son aimable autorisation , voici un essai de reconstitution du château de Carlat fait avec beaucoup de patience par Mr François-Marie BARDET ; [Voir blog de Mr et Mme BARDET sur l'auvergne : http://demeures-de-haute-auvergne.over-blog.com/search/carlat/ Cette véritable place forte abritait derrière ses remparts deux châteaux ( le vieux château vers la pointe du rocher, le château Bridoré ou du gouverneur ), une église Notre-Dame du Puit ainsi nommée parce qu'il y avait un puit à l'intérieur, les bâtiments d'une commanderie, un couvent de Clarisses, des écuries, une vaste place d'armes flanquée de grosses tours qu'on avait baptisées des noms de Tour-Noire, Tour-Guillot, Tour-Margot, Tour-St-Jean et des dépendances qui servaient aux hôtes et à leurs montures. Son histoire se trouve encadrée entre l'époque Gallo-Romaine et sa destruction en l'an 1604 par ordre du roi Henri IV où son épouse la reine Marguerite de Valois surnommée la reine Margot y passa un an. Henri IV , Catherine de Médicis (mère de Marguerite), et Marguerite de VALOIS ( MARGOT ) Au néolithique la présence de silex taillés, tant sur la partie centrale et occidentale du plateau qu'en contrebas au pied de la falaise Nord, est indéniable. Il s'agit de silex originaires en grande partie de Carlat, mais aussi sans doute du bassin d'Aurillac : pointe de flèche tranchante, perçoir, grattoir et de nombreux déchets de taille ... Plusieurs pièces ont subi l'action du feu. A l'époque Gallo-Romaine le rocher de CARLAT était déjà fortifié et fut un enjeu pour la conquête de la région depuis longtemps. Thierry I (v.485-534), fils de Clovis, ne contrôla définitivement l'Auvergne qu'après la prise de Carlat en 508. Trois ans plus tard, après la mort de son père, il dût revenir dans le pays pour réprimer la révolte de deux chefs locaux : Basolus puis Arcadius. Au IX siècles LOUIS le DEBONNAIRE prend la citadelle (en 839). Au temps de CHARLEMAGNE, CARLAT devient un des cinq comtés d'Auvergne. Situation "géopolitique" de Carlat au XI siècles (1030) Aux 10ème et 11ème siècles plusieurs seigneurs se succèdent : GARIBERT (vers 900 ?); RICHARD I, on ne sait rien de lui, si ce n'est qu'il fut père du suivant; BERNARD I , vicomte de Milhaud en Rouergue et de Carlat en Auvergne; GILBERT I est troisième fils de Bernard I, Gilbert I avait épousé une dame nommée Agnès; GILBERT II, fils de GILBERT I vicomte de Carlat ; il épousa, vers l’an 1020, Nobilie; BERANGER II, vicomtes de CARLAT et de Milhaud, descendant de Bernard I, il épousa vers 1050, Adèle de Carlat, sa cousine, fille de Gilbert II et de Nobilie; Situation "géopolitique" de carlat au XII siècles (1180) Puis vint : RICHARD III, HUGUES I, HUGUES II, HUGUES III, GUILLAUME, HENRI I, HUGUES IV HENRI II , vicomtes de CARLAT. Par sa force , cette forteresse a fait l'unité du CARLADES. Aux 12ème et 13ème siècles cette province avait pour principales cités CARLAT, VIC-EN-CARLADES, MURAT, CALVINET, DIENNE et MUR-DE-BARRES. Louis le DEBONNAIRE Hugues CAPET - Hugues I Chevaliers du moyen-âge Pendant une bonne partie du 14ème siècle c'est la famille de PONS qui est souveraine : GEOFFROI de PONS, épouse Isabelle de Rodez, vicomtesse de Carlat , elle est une grande figure du Carladez et habite au château de Carlat ; le passage de Geoffroi de Pons en Carladès n’est marqué par aucun fait important relatif au pays. Rainaut IV de PONS, sire de Pons, vicomte de Carlat et de Turenne, il fut tué à la bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356, laissant de son mariage avec Jeanne d'Albret, qu'il avait épousée en 1319, onze enfants, dont : Rainaut V de Pons , sire de Pons, vicomte de Carlat et en partie de Turenne, capitaine pour le roi au pays du Périgord et du Limousin, il périt également avec son père à la bataille de Poitiers; Rainaut de PONS avec armures et cheval Rainaut VI de Pons, sire de Pons, vicomte de Carlat et en partie de Turenne, il était encore jeune lors de la mort de son père. Ce fut, par la suite, l'un des plus célèbres guerriers du XIVè siècle. En 1369, la forteresse est prise par les routiers commandés par Gausserand de Caupène à la solde des Anglais qui s'en emparèrent. à la suite d'une défaite éprouvée par la noblesse du pays ; ils en furent chassés par les ducs de Berry et de Bourbon, réunis en 1372. Les Anglo-Gascons l'occupèrent de nouveau en 1379 et 1387, et ne consentirent à l'évacuer qu'en 1389, que moyennant une grosse somme négociée par le comte d'Armagnac, au nom des états de la province. Jean d'ARMAGNAC achète la libération de CARLAT et sa famille y devient seigneur. Comtes d'Armagnac Eléonore de Bourbon Bernard VII d'ARMAGNAC, époux de Bonne de BERRY est vicomte de CARLAT. Il est doué de quelques grandes qualités, se montre ambitieux insatiable et cruel. Il meurt massacré le 12 juin 1418. Il laisse de Bonne de Berry son épouse, décédée au château de Carlat en 1435, quatre enfants : dont Bonne d'Armagnac qui fut une grande figure de CARLAT où elle vécut 20 années de 1434 à 1454, (mariée à Charles, duc d’Orléans) et Bernard VIII, vicomte de Carlat. Bernard VIII lui succède à sa mort. Il épouse le 25 juillet 1429, Eléonore de Bourbon, fille et héritière de Jacques de Bourbon. Bernard meurt en 1462, ne laissant que deux fils : dont Jacques d’Armagnac, qui va suivre ; Situation "géopolitique" de Carlat au XV siècles (1477) Au 15ème siècle Jacques d'ARMAGNAC a fait atteindre à CARLAT sa plus grande splendeur. Il ne paraît pas que Jacques d’Armagnac ait résidé ailleurs qu’à Carlat. Il épouse, le 12 juin 1462, Louise d'Anjou, fille de Charles, comte du Maine, et d'Isabelle de Luxembourg dont il a eu six enfants. Jacques d'Armagnac En 1469 et 1476, le château de Carlat, dans lequel s'était enfermé Jacques d'Armagnac, vicomte du lieu, alors rebelle, eut à subir deux nouveaux sièges ; le premier ne dura pas moins de dix-huit mois; le second, de plus courte durée, fut suivi de son arrestation; Sommé de paraître devant le Parlement et n'ayant pas obéi, Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, vint l'assiéger dans Carlat où il aurait pu se défendre longtemps, disent les historiens, s'il n'eût pas jugé à propos de se rendre, sur la promesse qu'il obtiendrait son pardon; Miroir Historial, Vincent de Beauvais :Monumental cycle illustré de plus de cinq cents miniatures pour ce Miroir historial en trois volumes, qui appartint à Jacques d’Armagnac, duc de Nemours. Il est l’œuvre de Maître François, l’un des plus célèbres chefs d’atelier parisien du troisième quart du XVe siècle.Saisis avec le reste de la bibliothèque, au château de Carlat, après son arrestation pour trahison en 1476, ces trois volumes échurent à Tanguy du Châtel, chambellan de Louis XI. mais le roi désavoua le sire de Beaujeu, prétendant que celui-ci avait excédé ses pouvoirs, et Jacques d'Armagnac, après avoir été traîné de prison en prison, fut enfermé à la Bastille, il fut exécuté 4 août 1477 après avoir conspiré plusieurs fois contre le roi. Cet événement tragique causa à Louise d'Anjou, son épouse, une impression si funeste, qu'elle en mourut de douleur au château de Carlat. Domaine famille d'Armagnac De 1568 à 1583, Carlat tomba successivement au pouvoir des protestants et des catholiques. L'arrêt qui avait condamné à mort Jacques d'Armagnac, avait aussi prononcé la confiscation de ses biens au profit du roi, qui en disposa comme suit : la vicomté de Carlat fut donnée à Jean Blosset, sénéchal de Normandie, qui avait commandé les troupes devant cette place en 1469. Pierre de BOURBON et son épouse Anne de BEAUJEU LOUIS XI En 1489, BLOSSET vendit CARLAT à Pierre de BOURBON époux en 1474 d'Anne de BEAUJEU (Anne de France et fille de Louis XI ); Anne de France fit construire l'église de Carlat; Elle décéde le 1 novembre 1522, âgée de 60 ans. Pierre de BOURBON meurt en 1503. Sur la porte de l'église de CARLAT , double écusson d'Anne de Beaujeu Ils ont une fille unique qui s'appelle Suzanne de Bourbon ; Suzanne de Bourbon, fille unique des précédents, épouse, le 10 mai 1505 Charles de Bourbon-Montpensier. Il fit ses premières armes à la tête d'une belle troupe composée d’hommes d'armes et de cent archers. Suzanne de Bourbon , enfant Jeton de Pierre de Bourbon. Ecu de Bourbon accosté de P et A (Pierre de Bourbon et Anne de Beaujeu) La mort sans enfant de sa femme, arrivée le 28 avril 1521, fut la source de toutes ses disgrâces ; des convoitises de succession, des intrigues de cour, des procès injustes lui occasionnèrent des mécontentements qui lui firent abandonner le service de son roi et sa patrie, pour se ranger du côté des ennemis de la France. Bourbon fut tué à l’escalade de Rome, le 6 mai 1527 ; tous ses biens furent confisqués, par arrêt de la Cour des pairs du 27 juillet de la même année, et, le 26 août suivant, le roi et Louise de Savoie, sa mère, auteur principal de toutes les tracasseries suscitées au connétable, réglèrent leurs droits respectifs à sa riche succession. Après le Connétable de BOURBON , ces terres firent partie du domaine de la couronne. Henri III attribua le CARLADES à sa soeur MARGUERITE de VALOIS ( la reine MARGOT). Henri III Henri IV Marie de Médicis
CARLAT a donné son nom au pays du Carladès ou Carladez dans le Cantal et l’Aveyron
Histoire synthétique 1/2